Document d enregistrement universel et rapport financier annuel 2019 - BNP PARIBAS 283
5risques et adéquation des fonds ProPres Pilier 3
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Synthèse des risques annuels
5.2 Toute variation significative des taux d intérêt est susceptible de peser sur les revenus ou sur la rentabilité du Groupe BNP Paribas. Un environnement prolongé de taux d intérêt bas comporte des risques systémiques inhérents et des risques susceptibles de peser sur les revenus ou sur la rentabilité du Groupe BNP Paribas. Une éventuelle sortie d un tel environnement comporte également des risques.
La marge d intérêts encaissée par le Groupe BNP Paribas sur une période donnée influe de manière significative sur les revenus et la rentabilité pour cette période. Les taux d intérêt sont affectés par de nombreux facteurs sur lesquels le Groupe BNP Paribas n a aucune emprise, tels que le niveau de l inflation et les politiques monétaires des États et certaines décisions concernant des taux de l épargne règlementée. L évolution des taux d intérêt du marché pourrait affecter différemment les taux d intérêt appliqués aux actifs porteurs d intérêt et les taux d intérêt payés sur la dette. Toute évolution défavorable de la courbe des taux pourrait diminuer la marge d intérêts des activités de prêt. En outre, une augmentation des taux d intérêt sur les financements à court terme du Groupe BNP Paribas et le non-adossement des échéances sont susceptibles de peser sur sa rentabilité.
Depuis la crise financière de 2008-2009, les marchés mondiaux ont été caractérisés par une période prolongée de taux d intérêt bas. Cet environnement de taux d intérêt bas pèse significativement sur la rentabilité des banques, dont BNP Paribas, depuis plusieurs années. L impact relatif sur les banques dépend notamment de la proportion des revenus en provenance de la marge d intérêts ; cette proportion était de 47 % pour BNP Paribas en 2019 (voir la note 3a « Marge d intérêts » des états financiers consolidés). La situation s est détériorée en 2019 avec notamment l apparition et la généralisation d emprunts à des taux négatifs, en particulier des placements des banques européennes auprès de la BCE. Si cet environnement de taux d intérêt bas, voire négatifs, devait se prolonger sous l effet notamment de la poursuite de l assouplissement monétaire, d une croissance faible ou d autres facteurs, la rentabilité du Groupe BNP Paribas pourrait être impactée, voire baisser. À cet égard, la BCE a annoncé en 2019, dans un contexte de croissance plus faible qu escompté, le gel de ses taux directeurs au moins jusqu au premier semestre 2020, de nouvelles opérations de refinancement à plus long terme ciblées (TLTRO), sous certaines conditions, à des taux négatifs ainsi qu en septembre 2019, la reprise de sa politique accommodante de rachat d actifs (quantitative easing), suspendue quelques mois auparavant. De surcroît, compte tenu de l environnement de taux bas persistant, les politiques monétaires pourraient ne pas être suffisantes en vue de compenser les retombées négatives d un choc de croissance.
Durant les périodes de taux d intérêt bas, les écarts de taux d intérêt tendent à se resserrer ; le Groupe BNP Paribas peut alors ne pas être en mesure d abaisser suffisamment les taux d intérêt sur ses dépôts de manière à compenser la baisse de revenus provenant des prêts consentis à des taux plus faibles. La marge d intérêts s élevait respectivement à 21 062 millions d euros en 2018 et à 21 127 millions d euros en 2019 (voir la note 3a « Marge d intérêts » des états financiers consolidés). À titre indicatif, sur les horizons de un, deux et trois ans, la sensibilité des revenus au 31 décembre 2019 à une augmentation parallèle, instantanée et définitive des taux de marché sur l ensemble des devises de + 50 points de base (+ 0,5 %) a un impact de respectivement - 270 millions d euros, + 216 millions d euros et + 614 millions d euros ou - 0,6 %, + 0,5 % et
+ 1,4 % du produit net bancaire du Groupe. Un environnement de taux négatifs impliquant une facturation des liquidités déposées par les banques auprès des banques centrales alors que les dépôts bancaires ne sont usuellement pas facturés par les banques à leurs clients, constitue un facteur tendant à réduire la marge des établissements bancaires. De plus, le Groupe BNP Paribas a fait et pourrait encore faire face à une hausse des remboursements anticipés et des refinancements de prêts hypothécaires et autres prêts à taux fixe consentis aux particuliers et aux entreprises, les clients cherchant à tirer parti de la baisse des coûts d emprunt. Ceci, cumulé à l octroi de nouveaux prêts à des faibles taux d intérêt, a entraîné et pourrait entrainer à nouveau une baisse du taux d intérêt moyen du portefeuille de prêts du Groupe BNP Paribas causant ainsi une baisse du revenu net d intérêts qu elle retire de ses activités de prêt. En outre, un environnement persistant de taux d intérêt bas peut également avoir pour effet d aplanir la courbe des taux sur le marché en général, ce qui pourrait réduire la prime générée par le Groupe BNP Paribas se rapportant à ses activités de financement. Un tel aplanissement de la courbe des taux pourrait également inciter les institutions financières à s engager dans des activités plus risquées en vue d atteindre les niveaux de rendement escomptés, ce qui serait de nature à augmenter la volatilité globale du marché. Des taux bas peuvent affecter la rentabilité, voire la solvabilité, des activités d assurances des banques françaises dont le Groupe BNP Paribas, notamment en raison de l importance dans le marché des fonds en euros des contrats d assurance-vie, et pourrait ne pas être en mesure de générer des retours sur investissement suffisants pour être attractif par rapport à d autres investissements. Des taux bas pourraient en outre affecter les commissions facturées par les filiales du Groupe BNP Paribas spécialisées dans la gestion d actifs sur les marchés monétaires ou d autres produits à taux fixe. Une réduction des spreads de crédit et une diminution des revenus générés par les activités de banque de détail, résultant d une baisse des taux du portefeuille de créances du Groupe BNP Paribas, pourraient enfin affecter la profitabilité de ses opérations de banque de détail.
Inversement, la fin d une période prolongée de taux d intérêt bas, en particulier en raison d un resserrement de la politique monétaire résultant notamment d une croissance économique ou d une l inflation plus élevée qu escomptée par les autorités monétaires, comporterait aussi des risques. Une augmentation des taux directeurs entrainerait a priori une diminution de la valeur de tout portefeuille de créances ou actifs à taux fixe comportant des taux moins élevés. Si les stratégies de couverture du Groupe BNP Paribas s avèrent inefficaces ou ne fournissent qu une couverture partielle contre cette diminution de valeur, le Groupe BNP Paribas pourrait subir des pertes. Tout resserrement plus prononcé ou plus rapide que prévu pourrait avoir un impact négatif sur la reprise économique. Concernant les financements octroyés par le Groupe BNP Paribas, ceci pourrait en particulier mettre à l épreuve la résistance du portefeuille de prêts et d obligations du Groupe BNP Paribas, et le cas échéant conduire à une augmentation des créances douteuses et des cas de défauts. De manière plus générale, la fin des politiques monétaires accommodantes (notamment l injection de liquidité provenant d achats d actifs par les banques centrales) pourrait conduire à des corrections importantes de certains marchés ou catégories d actifs (par exemple, les sociétés et emprunteurs souverains ne bénéficiant pas d une notation investment grade, certains marchés actions et immobiliers) qui ont particulièrement bénéficié (notamment par des primes de risques très faibles par rapport aux moyennes historiques) d un environnement prolongé de taux d intérêt bas et d une importante liquidité. Ces corrections pourraient se propager à l ensemble des marchés financiers, du fait notamment d une hausse importante de la volatilité.